Pssssss, manchoufoukch?

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By Makaynach.com

Samedi 30 Mai 2009 : Ce jour là, j’étais avec mes amis chomeurs en train de compter le nombre de fois que le feu rouge de notre quartier s’allumait pendant une journée, quand j’aperçu une fille d’une beauté incroyable, le genre de filles qu’on voit une fois dans sa vie et à qui on n’arrête pas de penser, une de ses filles qu’un
حازق comme moi croise et se dit que c’est un prototype qui a été créé sur mesure, une série limitée inaccessible, fabriquée pour les richards du Maroc qui touchent plus que 5307,00 Dh par mois (NB : Voir dernier rapport du HCP sur la classe moyenne au Maroc).

J’ai tout de suite abandonné mon projet de calcul lumineux pour aller draguer silencieusement cette fille. Cette méthode de drague silencieuse (Télwate) a été créé au Maroc aux débuts des années 2000, elle consiste à suivre une fille dans la rue sans rien faire, s’arrêter quand elle s’arrête (sans rien faire), entrer dans une téléboutique quand elle y rentre (sans rien faire), attendre le bus quand elle l’attend (toujours sans rien faire) jusqu’à ce qu’elle arrive chez elle, puis retourner chez soi sans avoir rien fait. Au Maroc on drague partout.

C’est une méthode scientifique de drague basée sur les statistiques, qui permet de définir le point de départ et d’arrivée de l’objet donc délimiter son champ d’action dans le temps. Le processus prévoit ensuite un ratissage au niveau du champ (Attendage quotidien dans les rues où a eu lieu le suivage), une analyse approfondie pour collecter les données (Demander aux SiMohammeds s’ils la connaissent) puis une interprétation et traitement de ces données (Pssss manchoufoukch, Zine ana nsabén wana n3jén ghir hédri m3aya, Khadija fatima samira achnou smiyték ?…) jusqu’à ce que l’objet en a marre et change de circuit.

Au Maroc on drague tout ce qui bouge. J’ai suivi ma victime pendant 800 mètres , j’étais tout de même concurrencé par une race que je déteste tant, les dragueurs motorisés et les dragueurs tomobilisés. C’est une phase très développée du processus de Télwate caractérisée par l’utilisation de moyens sophistiqués non accessibles aux pêtards (
الحازقين). Après 800 mètres de marche, ma victime s’arrêta devant une pâtisserie, elle entra et alla chercher du pain (détail important), elle retourna chez elle, moi chez mon feu rouge. Fin de la première phase. Je n’ai pas dormi cette nuit, j’ai du raconter mon expérience à une vingtaine de mes amis en soif de ce genre d’histoires, ils étaient là en train de m’écouter avec beaucoup d’intérêt, on était dans la phase de collecte d’informations. Les quelques renseignements que j’ai du leur communiquer (Bombe, cheveux noirs, pantalon serré rouge et haut blanc) m’ont permit tout de même, à l’aide de mes collaborateurs, de constater qu’elle s’appelle Ghita, qu’elle a 20 ans, étudiante à la faculté et habite à 3 rues de chez moi.

Je suis très content, une semaine trop chargée s’annonce pour moi. Au Maroc la drague est une occupation. Le lendemain, il n’était pas question de perdre une seconde, j’ai attendu la supposée Ghita au même feu rouge, 11h47 je l’apercevais en train de venir, je l’ai suivi jusqu’à la pâtisserie, elle a acheté son pain et moi je suis retourné chez mon feu rouge. Les jours qui suivaient étaient tous pareils : Attendage, Suivage puis lâchage : Le bonheur absolu. Chaque soirée je remettais un rapport complet à mon équipe pour analyse des résultats. Au Maroc tout le monde drague. Le jour J arriva, c’était un vendredi, je devais ce jour mettre en évidence toutes mes capacités de dragueur expérimenté (Niveau 2 du Télwate = Zéllal). J’ai passé une longue nuit, d’abord en train d’imaginer avec mes collaborateurs tous les scénarios possibles et ensuite tout seul, chez moi, à rêver de cet instant de « psss manchoufoukch », tant attendu par beaucoup de personnes (dont vous, chers lecteurs :D).

J’avais le track ce jour, je suis sorti à 10h du matin rejoindre mon lieu de prédilection : Feu rouge. Je voulais être bogoss ce jour, je voulais l’impressionner, paraître comme un guawri fhémtini. J’ai donc mis une casquette rouge, chemise blanche et un jean bleu ; comme le drapeau de la France , ghadouuuuuuukh. J’avais tout fait pour me distinguer, du bon parfum GOUCHI , des lunettes BAY-BAN et du gel (même avec la casquette, il faut tout utiliser). La séance d’attendage dura 3 heures, à 13h, j’avais perdu espoir, j’étais énervé démoralisé, elle n’était pas venue. J’ai essayé quand même de jouer la dernière carte, aller l’attendre prés de la pâtisserie.

Je suis parti 3la wé3di w sé3di, je me suis planté à 3 mètres de la pâtisserie, 5 minutes plus tard, le propriétaire de la pâtisserie me rejoins et me dis tout en tapotant sur mon épaule : « Bla matsénna a wéldi ra Ghita dayrine Ksksou lyoum léghda»*.

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